Histoire : La Ligue antisémite française (1889-1899)

Publié le par La vérité depitée

La fondation de la Ligue antisémitique succède au succès de la La France juive de Drumont, elle est également issue de la crise boulangiste. Les principaux organes qui soutiendront les activités de la ligue sont: La Libre Parole (Édouard Drumont), L'Antijuif (Jules Guérin), La Cocarde (Maurice Barrès), L'Intransigeant (Henri Rochefort) et le journal catholique La Croix

 

Parallèlement à son activité de propagande, la ligue organise des manifestations antisémites, elle distribue des tracts, pose des affiches en période électorale et provoque quelques émeutes. Elle fut très impliquée dans la campagne boulangiste, la dénonciation du scandale de Panama, le combat antidreyfusard et la lutte contre la franc-maçonnerie dont elle a dénoncé les implications et les complots supposés dans la politique de la Troisième République. Daniel Kimon en fut exclu suite à un différend avec Guérin.

 

Source : fr.wikipedia.org

 

 

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Rue de Chabrol

 

Fin XIXe siècle, dans une France marquée par la défaite militaire, l’écrasement de la Commune, le scandale de Panama, l’affaire Dreyfus, le nationalisme, l’antisémitisme fleurit. En août 1899, un groupe emmené par Jules Guérin résiste trente-huit jours à l’assaut lancé par la police.

 

Si l’affaire Dreyfus fut un moment fort pour l’affirmation de la République et du combat pour la vérité et la justice, elle fut également un des événements qui contribua à structurer la vie politique de notre pays.

 

L’effervescence antisémite qui marque cette période ne doit rien à un élan spontané car il existe un lien indiscutable entre ses manifestations et les conditions économiques et politiques de l’époque, comme on a pu le mesurer à d’autres moments de l’histoire.

 

Il n’est pas inutile de revenir sur l’état d’esprit qui suivit l’humiliation de la guerre de 1870, les idées revanchardes et le nationalisme qu’elle a suscités ainsi que l’écrasement de la Commune ; contexte également fortement marqué par la crise des années 1880, la tentative du général Boulanger, le scandale de Panama…

 

Dans cette situation, les thèses antisémites virulentes contenues dans la France juive, d’Édouard Drumont, qui déclarait : « La juiverie cosmopolite, voilà l’ennemi… La France aux Français » et dans son journal la Libre Parole, vendu à 100 000 exemplaires, rencontraient un certain écho. Élu député d’Alger, Drumont devient dirigeant du Groupe antisémite composé de 28 députés. En revanche, son collaborateur de la Libre Parole, Adolphe Willette, dessinateur montmartrois qui s’est présenté à Paris le 22 septembre 1889 dans la 2e circonscription du 9e arrondissement, sous l’étiquette « Liste antisémite », ne sera pas élu.

 

Toutes ces circonstances ont donné à l’affaire Dreyfus un retentissement considérable qui engendra un affrontement entre les forces réactionnaires, xénophobes, et celles attachées aux valeurs de justice, d’égalité et des droits de l’homme. Étienne Barilier, essayiste suisse, parle, lui, de « guerre idéologique où s’opposèrent les antidreyfusards nationalistes, militaristes, et les dreyfusards républicains, plus ou moins anticléricaux, au cours de l’affaire qui divisa la France ».

 

Chacun a en mémoire le rôle éminent d’Émile Zola et ce qu’il lui en coûta. Péguy, Proust, Mirbeau, Anatole France, Blum et Jaurès, qui publia le livre, les Preuves…, se rangèrent du côté des dreyfusards, sans parler des intellectuels de l’École normale supérieure qui mirent leur autorité scientifique au service de la cause dreyfusarde.

 

Quelques jours après la publication dans l’Aurore du « J’accuse... » d’Émile Zola, dénonçant l’iniquité de la condamnation d’Alfred Dreyfus, alors que des foules manifestaient le 17 janvier 1898 au cri de « Conspuez Zola » et de « Mort aux juifs », une centaine de militants des courants socialistes et anarchistes vinrent apporter une contradiction musclée dans une réunion publique organisée par les antidreyfusards les plus virulents, en plein Paris, dans la salle dite du « Tivoli Vauxhall ». Lucien Millevoye, directeur du journal la Patrie, Dubuc, président de la Jeunesse antisémite, Jules Guérin, président de la Ligue antisémite et antimaçonnique de France, ne purent, ce soir-là, déverser leurs discours haineux en toute liberté. L’estrade fut prise d’assaut et la grand-messe antijuive tourna court. Cette action connut à l’époque un important retentissement, elle figura à la une de tous les quotidiens parisiens.

 

C’est ce même Jules Guérin qui s’illustra dans l’épisode dit de « Fort Chabrol », lorsque le gouvernement français, dirigé par Waldeck Rousseau, craignit une émeute nationaliste et monarchique à l’occasion du procès en révision d’Alfred Dreyfus, à Rennes.

 

Le 12 août 1899, les autorités firent arrêter Paul Déroulède ainsi que les chefs des Jeunesses royalistes et de la Ligue antisémite. Jules Guérin figurait sur la liste. Mais lorsque la police arrive au 51, rue de Chabrol, un hôtel particulier sur la façade duquel était accroché un calicot portant l’inscription « à bas les traitres, vive l’armée ! » et où était hébergé le journal l’Antijuif de la Ligue antisémite du Grand Occident de France (parodiant ainsi le Grand Orient de France), dont le président commun était Jules Guérin, elle se trouve face à une véritable forteresse. Guérin, qui s’était retranché avec une douzaine de comparses, avait accumulé un petit arsenal d’une quinzaine de fusils, des revolvers de tout calibre ainsi que des provisions pour tenir un siège de plusieurs mois. « Si on veut nous prendre, il y aura certainement beaucoup de sang répandu. » Après trente-huit jours de siège et sa reddition, il fut arrêté et condamné par la Haute Cour, avec Paul Déroulède, au bannissement et à l’exil.

 

Roland Wlos, rédacteur en chef de la Presse Nouvelle Magazine (journal progressiste juif).

Source : www.humanite.fr

 

 

Publié dans Culture

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