Religion : L'après Mohammed Merah, une remise en cause de l'Islam en France

Publié le par La vérité depitée

Premières leçons d'une tragédie nationale

 

Les victimes de Mohamed Merah sont déjà oubliées. En revanche, les tentatives de justification de sa barbarie deviennent des lieux communs chez ceux qui, après les effarements d'usage, aimeraient faire croire que le parcours du terroriste serait le résultat de son exclusion sociale : un rejet mettant en cause la société, son racisme, ses discriminations, etc. C'est la thèse que soutient sans surprise l'intellectuel Tariq Ramadan sur son blog, quand il présente Merah comme un "grand adolescent, un enfant, désoeuvré, perdu, dont le cœur est, de l'avis de tous, affectueux". Pour lui, le tueur est "une victime d'un ordre social qui l'avait déjà condamné, lui et des millions d'autres, à la marginalité, à la non-reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droit et de chance". Ce pathos enchante ceux qui ne veulent voir dans la tragédie qu'un acte isolé commis par un fou, et surtout pas l'influence de l'idéologie djihadiste qui tente embrigader des déracinés. C'est ainsi qu'un responsable de la campagne de François Hollande, Romain Pigenel, s'est fendu sur le site Marianne 2 d'une attaque contre votre serviteur (décrit notamment comme un "éditocrate éructant" "la bave aux lèvres"), dans des termes dignes de la presse d'extrême-droite des années trente.

  

Cette gauche haineuse et bas de plafond ne devient loquace que quand il s'agit d'injurier ceux qui mettent en garde contre la survenue d'un nouveau totalitarisme. Ce n'est pas sur elle qu'il faut compter pour analyser les causes d'une fracture identitaire qui a vu, ces derniers jours, des pages Facebook héberger des soutiens à Merah, tandis que, en banlieues, de nombreux enseignants ont dû renoncer à faire observer une minute de silence pour les jeunes victimes juives, devant l'hostilité de certains élèves. Ce lundi, Libération donne la parole à Laurence, éducatrice de 47 ans dans un quartier difficile de Toulouse, qui confie que "l'antisémitisme est ancré de façon incroyable. Cela fait dix ans que j'entends des choses choquantes. C'est la nausée." Force est aussi de noter la faible participation de la communauté musulmane (hormis, à Toulouse, la présence auprès des autorités religieuses juives du courageux imam Chalghoumi) lors des quelques manifestations de ce week-end. Le comble de l'hypocrisie a d'ailleurs été atteint, à Paris, avec la participation de mouvements d'extrême gauche à une marche contre un terrorisme qu'ils excusent chez les islamistes palestiniens.

 

Une société qui produit un tel monstre est sûrement une société malade. Mais une religion qui enfante un tel culte de la mort est aussi une religion malade. Et c'est bien l'islam qui est interpellé par le drame national commis par ce fanatique qui, selon Bernard Squarcini, patron du renseignement intérieur "s'est auto-radicalisé en prison, tout seul, en lisant le Coran". Alors que Tareq Oubron, grand imam de Bordeaux louangé par Alain Juppé, demande que "l'histoire de la France soit réécrite à la lumière de la présence musulmane aujourd'hui" (Libération, vendredi), en reprenant ainsi le discours de Ramadan, rares sont les musulmans éclairés qui, comme Abdennour Bidar dans un article dont je recommande la lecture (Le Monde, samedi) plaident pour une "complète refondation" de l'islam. "Il faut que l'islam arrive à cette lucidité tout à fait nouvelle de comprendre qu'il doit se réinventer une culture spirituelle", écrit-il en dénonçant "la culture islamique depuis plusieurs siècles enfermée (...) dans la conviction mortifère de sa "vérité"". Mais qui écoute ces trop rares réformateurs ?


Ivan Rioufol

Source : http://blog.lefigaro.fr/rioufol


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 Le "cas isolé" a trouvé ses supporters. 

Publié dans Société

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